14 mai-10 juin 2018
MONGOLIE
(3millions d'habitants,50millions de têtes de bétail , 2,5 fois la France)
Impossible de commencer ce recit sans vous mettre dans l'ambiance de ce pays merveilleux....en vous proposant de découvrir le clip de l'été interprété par le Jordy local des 18's (et parce qu'on le garde en tête toute la journée, c'est une manière de partager notre quotidien avec vous):
Première étape : 12 jours de marche entre Tsahir et Ulistay- 270kms
On vous propose un condensé des premieres aventures mongoles...qui commencent par le trajet en bus depuis Oulan Baator pour rejoindre Tsahir, le début de la traversée pédestre.
Fait notable depuis le debut de notre aventure, ce sera le premier trajet en bus qui ne sera pas accompagné par une bande de joyeux bourrés : de là à dire que ça nous a manqué...
La petite pause dans un bouiboui familial nous permettra de découvrir toute la richesse culinaire de la Mongolie en moins de 15 minutes. Nous degustons donc les deux seules spécialités mongoles qui nous accompagneront tout au long de notre voyage : le kushuur (beignet frit rempli de viande/gras de mouton ) et le bouzzi (qui est aussi bon que son nom pourrait le laisser penser, sorte de gros ravioli fourré au mouton cuit vapeur). Le sommet gustatif sera atteint quand le serveur nous apportera le thé au lait traditionnel (lait de yak cuit dans de la graisse de yak, saupoudré de sel), passage qui deviendra malheureusement incontournable à chaque rencontre.
Nous arrivons frais (plus que dispos) pour entamer la première étape quand le bus nous lâche à 6h du mat sur le bord de route.
Déjà, des paysages à couper le souffle.
On y découvre les troupeaux de yaks, chevaux, moutons qui paissent librement sous le regard de leurs bergers nomades à dos de cheval....ou de moto-trial! Un nouveau concept somme toute assez pratique.
A defaut d'échanger dans une langue commune avec les nomades que nous croisons, la conversation est toujours compensée par de nombreux sourires et des tentatives plus ou moins fructueuses de mimes. Elles tourneront toutes autour d un schéma introductif plus ou moins similaire :
- on baragouine un "sambeno";
- pour tenter de trouver une explication au ridicule de la situation (2 personnes se trimballant à pied-pour le plaisir- dans une steppe où tout le monde est a cheval ou a moto-pour vivre), la personne nous demande d où on vient;
- si l'interlocuteur semble toujours dubitatif sur l'intérêt de marcher, taper ses jambes plusieurs fois pour montrer qu'on aime ça
- lui demander où est sa yourte et si ce sont ses moutons/chevaux/yaks que nous voyons au loin
- essayer d'aborder un nouveau sujet plus complexe sans qu'aucun des interlocuteurs ne soit sûr que celui lui ci ait été compris par l'autre
- à défaut, se contempler mutuellement, puis comtempler le paysage, dire que c est beau.
- se faire inviter à boire un délicieux thé salé .
Dès le 2ème jour de marche, nous rencontrons un nomade nommé Chipka que nous invitons à manger après qu il nous ait invité à dormir dans sa yourte (qui se dit "ger", en mongol - on se demande d'ailleurs qui a donc eu l'idee de le traduire par "yourte" en français...). Il a probablement dû se dire que les Français avaient bien peu de goût pour lui servir une bouillie de pâtes mélangées à de la semoule...
La "routine" de la marche s'installe, nos corps s'habituant à mesure que les paysages défilent. On se plaint tout de même un peu de nos sacs trop lourds (histoire de changer) avec les 10j de bouffe qu ils contiennent.
On découvre également ce qu on nous avait pourtant annoncé quelques jours plus tôt: "au printemps, en Mongolie, les vents sont "effroyables"..."et les nuits glaciales"...On trouvait les mots un peu forts tout de même...jusqu à ce qu on les prenne en pleine face!
On a jamais vu de vents pareils... Certains jours étaient assez éreintants : les rafales nous immobilisaient sur place ou nous faisaient dévier. Quand on dit que le vent rend fou....On peut vous dire que ça met le mental à l'épreuve...
Et c'est sans parler du froid... une nuit avons frôlé les -20°...Malgre nos supers equipements superposés (doudoune en canard dans le duvet lui même de canard , sur-sous-pantalon...) on s'est pelés.. Au réveil, tout avait gelé, depuis les plumes de nos duvets, jusqu aux gouttes de nez en passant par la condensation sous la tente..la veille, Quentin avait fait une hypothermie en restant dehors pour gérer le feu, tandis que j ai cru perdre mes doigts en faisant la vaisselle (quelle idée^^) apres avoir creusé un trou dans la glace de la rivière....
Mais comme la vie est bien faite, c'est toujours dans les moments les plus raides qu'un nomade nous conviait à boire un thé (et cette fois ci, nous ne faisions pas la fine bouche) à manger du gras de mouton, et surtout a se réchauffer a la chaleur du poêle central de sa yourte... leur hospitalité et leur gentilesse sont vraiment exemplaires, comme cette fois où, par grand vent, un nomade croisé plus tôt nous a poursuivi avec sa camionette et quelques 6kms plus tard nous avait rejoint avec son thermos rempli de "thé mongol" et un sac plein de pain frit !
Ou cer autre jour où un berger a laissé son troupeau pour nous aider à traverser un cours d'eau:
On s'est également rappelés les bons souvenirs en "aidant "( ok il n avait pas vraiment besoin de nous....) un berger a rameuter ses moutons:
...pour ensuite passer 2h avec lui et sa femme à se parler en langue des signes et à regarder des combats de sumo a la TV..car même au plus profond de la Mongolie, chaque yourte est équipée d'un panneau solaire permettant d alimenter le seul appareil électrique: la télé!
La Mongolie est un veritable parc animalier à ciel ouvert. Chaque jour ce sont des dizaines d aigles, de buses, de corbeaux, de vautours,... qui nous survolent, des ecureuils, des marmottes à n en plus finir.....et des milliers d autres espèces dont on ne connaît absolument pas les noms...
Dans ce foisonnement d animaux sauvages, Fanny est heureuse de decouvrir les milliers de trous et sillons creusés par les gerbilles mongoles...
Fort heureusement, se retrouver certains jours nez a nez avec des troupeaux de dromadaires compense largement l inconfort de planter sa tente au milieu des centaines de souris.
Accueillis un jour par un lutteur mongol dans sa yourte de compet', grande classe:
Après nos premiers kms de marche en Mongolie qui nous auront fait passer par toutes les émotions , on atteint Otgon, village isolé au milieu des montagnes, où on dort dans un "hotel"(une pièce au milieu du village équipée d' un poêle central, d' un seau d eau et de latrines-3 planches de bois qui surplombent des années d excrements- au fond de la cour).
On vous passe les anecdotes de cet épisode à Otgon lors duquel nous decouvrirons les différences culturelles relatives à la notion d'intimité (les villageois entraient dans notre chambre comme dans un moulin juste pour....nous regarder!).
Nous nous retrouvons bloqués le lendemain devant une riviere tarie qui devait nous approvisionner sur les 80kms restants...
Décidons de rejoindre la ville la plus proche en transport pour continuer notre itinéraire.
Nous voilà embarqués dans un van défoncé, serrés entre familles, enfants et moutons découpés, pour un trajet mémorable à travers les montagnes: depuis les 20 vomis d une petite fille dans l habitacle jusqu à l' arret chez un nomade qui nous invite à se siffler une bouteille de vodka partagée à 10 dans un seul verre, pour finir à 2h du mat' dans un hôtel désaffecté qui grouille de cafards...
Fin de la première étape...
2ème etape mongole : Karakhorum-Bayankongor-250kms-10 jours
Reprenons la route en transport (500kms) depuis Uliatsay pour rejoindre notre 2eme itinéraire rando d une dizaine de jour.
Voyage que nous passerons confortablement installés dans un 4x4 flambant neuf conduit par un flic d Oulan Baator et son épouse..... une sorte de BlaBlaCar spontanée organisé la veille au soir par " la cousine de l amie de...." alors que nous allions acheter nos tickets de bus.
Voyage que nous passerons confortablement installés dans un 4x4 flambant neuf conduit par un flic d Oulan Baator et son épouse..... une sorte de BlaBlaCar spontanée organisé la veille au soir par " la cousine de l amie de...." alors que nous allions acheter nos tickets de bus.
Doboo et son mari reprenaient la route apres avoir déposés leurs 2 enfants qui passeront leurs 3 mois de vacances chez leur grand mère (heureuse grand mère! Ou heureux parents, tout dépend du point de vue) , voyage tres sympas qui nous a permis:
-d'expérimenter pleinement la tradition animiste des Ovoos, à savoir s arrêter et faire 3 fois le tour de chaque Ovoo en jetant du lait et émettant nos souhaits (et on peut vous dire qu en 12h de trajet et au moins 1 Ovoo par 2h, on a pu souhaiter le meilleur a chacun d entre vous!)
-se faire inviter à déjeuner, dans le carré VIP d un resto, par le shérif d'une des bourgades traversées
-écouter les meilleurs tubes mongols que nous aurons en tête plusieurs jours ensuite....
Arrivés à Karakorum, point de départ du prochain itinéraire , découvrons l ancienne capitale de l empire mongol, son monastère bouddhiste:
Et ses différentes divinités ^^ qui ne font que confirmer que la pornographie est loin d être une discipline des temps modernes:
Repartons pour la marche sous de terribles vents chauds, fouettés par les sables qu ils soulèvent... accueillis par les bergers de la vallée d'Orkhon qui ne manquent pas une de nos pauses pour partager un moment contemplatif.
...ou encore nous donner un coup de main pour désinstaller la tente^^ et partager notre ptit dej'
Le 3eme jour, nous nous faisons réveiller aux aurores par une tempête (ou plutôt réveillés par la tente qui s écroulait alors sur nous)...qui ne cessera que le lendemain....
L'occasion de vivre cette riche expérience que d être confinés dans un espace d' 1m2, à 2, 36heures durant... C est dans ces moments là que nous benissons l'inventeur des liseuses...
Sortons de cette hibernation forcée le lendemain, sous un beau ciel bleu et une fraîcheur retrouvée :
Nous poursuivons la route menant notamment à un monastère construit au sommet d une montagne, à 2300m d altitude, dans lequel plusieurs minuscules cavités creusées dans la roche ont accueilli des moines qui y ont médité 11ans durant...ce qui nous fait dire qu on est vraiment des ptits rigolos avec nos 36h sous le confort d'une tente...
Je resterai empêchée de prier au sommet, l'accès étant interdit aux femmes comme aux bouteilles de pinard :
On fait un detour de 15kms pour accéder à des sources chaudes, nourrissant l'espoir de pouvoir faire un brin de toilette (après 8jours de marche...)...c etait evidemment sans savoir que l eau coulait en réalité en quelques seuls minces filets sous la roche...tant pis pour la douche!
Nous finirons le périple par 1 nuit accueillis dans une famille nomade, chez qui nous degusterons- quelle bonne surprise!-un délicieux Tsuivan, plat de pâtes à la viande de yak séchée. Un ragoût apprécié bien plus le soir d'ailleurs qu'à 6h du mat quand, à peine réveillés par la "maîtresse de Ger", nous comprenons qu'il faudra aussi en manger au ptit dej, accompagné, à l instar d' un bon caf', d un bon bol de bouillon de viande precautionneusement prélevé au cours de la cuisson....rien de tel pour entamer une bonne journée!
Les pâtes pétris, cuites et découpées une par une au couteau :
La viande de yak découpée au couteau:
Et la dernière pose par Barsambo, la petite tornade qui, du haut de ses 4ans, le bib a la bouche (une bouteille de pepsi en verre sur laquelle est accroché un bout de caoutchouc percé...on est loin des Avent aux tetines à choix de debit!) règne sur les lieux: parents, grands parents cousins, meme les yaks et les moutons sont tenus a la baguette.
Un joyeux périple donc, que nous decidons de poursuivre en faisant un aller retour à Oulaan Baator d'où nous vous ecrivons pour y prolonger nos visas (initialement d'1 mois) de 3 semaines supplémentaires... pour se délecter encore et encore de ces riches aventures humaines et de la beaute des coins traversés sur les terres de Genghis.
Nous repartons demain vers l'ouest pour crapahuter jusqu à fin juin dans les montagnes de l'Altaï qui nous permettront de rejoindre la frontière chinoise.