Turkmenistan: Ashgabat, cratère de Darwasa, 6 au 10 octobre 2018.
Ashgabat, ses monuments de marbre blanc et d'or et son centre commercial aux allures de Dubaï :


C'est encore par voie ferrée que nous rejoignons le Turkménistan. Pour être tout à fait honnête, c'est avec une petite dose d'appréhension que nous entamons notre périple dans ce pays. En effet, dès la demande de visa, c est toute la rigueur et l'autoritarisme du pays qui s appliquent.
Il est impossible de demander un visa sans être accompagné par un tour operator, ce qui pour nous n'est pas une option. La seule chance pour nous de pouvoir traverser le pays restera de demander un visa de transit. Le mot "chance" est d'ailleurs bien approprié : en moyenne seule la moitié des demandes de visa de transit sont acceptées. Après 10 pages de formulaire remplies et quelques heures passées à l'ambassade turkmène de Tashkent, nous sommes bien heureux de découvrir que notre demande a été acceptée et c'est donc avec plaisir que nous nous aquittons des 60$ exigés. On essaye tant bien que mal de s'enlever de la tête que cela représente 12 $/jour/personne pour un simple bout de papier mais nous ne serons pas au bout de notre peine quand au passage de frontière le douanier nous demande d'en aligner une trentaine supplémentaire. Bakchich ou taxe bien réelle, on ne saura jamais,même si le simple fait que nous soyons les seuls à devoir la payer nous met la puce à l'oreille...
Ces petites deconvenues financières ne s'arrêteront pas à la frontière. Le Turkménistan pratique, en parallèle d'un taux de change officiel complètement aberrant (3,5 tuman pour 1$ officiellement, 20 tuman pour 1$ au marché noir) toute une flopée de techniques plus malicieuses les unes que les autres pour dépouiller le touriste qu'il ne voulait au préalable pas accueillir.
On vous épargnera les autres anecdotes financières telles que le taudis-algeco dans lequel nous dormons par contrainte à Ashgabat, dont seul le prix pouvait évoquer un 5 étoiles.
Autant vous dire que le pays aura bien mis à mal notre petit budget de 10 €/jour/personne.
Si l'on vous raconte ces petits détails pécuniers, ce n'est evidemment pas pour une question d'argent, mais parce qu'ils symbolisent la situation politique d'un pays qui nous semble sclérosé de l'intérieur.... C'est bien la première fois, et nous espérons la dernière, que nous le dirons du voyage, mais finalement nous n'avons pas apprécié notre séjour dans ce pays.
On tente rapidement de vous faire part des différentes expériences qui nous ont amenés à ce constat :
Tout d'abord, l'impression d'être dans une dictature équivalente à la Corée du Nord. Photos du président (élu à 99% des voix bien entendu) sur toutes les façades, toutes les pièces, dans toutes les voitures, etc. Pour la petite anecdote, il était encore récemment imposé aux citoyens d'avoir 40 photos du président lors de leur mariage. Uniforme obligatoire pour tous les enfants et fonctionnaires aux couleurs du drapeau turkmène.
Impression renforcée par l'ambiance à Ashgabat, la capitale. Une cité de marbre blanc, grandiose, uniformisée, des boulevards d'apparat et des palais somptueux, sans vie. Pas l'ombre d'un passant dans les rues, impossible de savoir si les buildings, tous plus imposants les uns que les autres, hébergent, eux, une forme de vie, une activité quelconque.
L'obsession du blanc a même poussé l'ancien président à décréter que toutes les voitures en circulation doivent l'être, sous peine d'être considérées comme "illégales".
Des pans entiers de villes nous sont inaccessibles, à nous comme aux habitants: ce sont les quartiers présidentiels et autres bâtiments officiels. Nous les découvrirons uniquement en y passant dans un taxi, pour apercevoir de magnifiques édifices blanc et or, qui semblent là encore sans vie. Sans parler du couvre feu qui saisit la capitale a 23h, heure a partir de laquelle il est interdit de se deplacer dans la ville, sous peine d'etre interpellé. Cette capitale, dont les rues portent les prénoms des membres de la famille du précédent dictateur, est une vraie ville morte construite sur les revenus exuberants du pétrole, du gaz et du coton dont les dirigeants se remplissent allégrement les poches.
Tout le long, nous n'échapperons pas à cette sensation d'indécence, de démesure, teintée de vision futuriste. Un vrai décor pour une adaptation cinématographique de 1984 ou du Meilleur des mondes.
On aura en tout et pour tout croisé plus de militaires, de policiers et de jardiniers dans toute la capitale que de passants. Les habitants étant relégués aux banlieues déshéritées éloignées du centre, vivant en marge de leur propre capitale.
Nous avons eu des difficultés à rentrer en contact avec les gens, qui adoptent soit une attitude de defiance vis à vis de nous, soit tentent d'abuser de notre crédulité.
Les seuls avec qui nous avons eus de vrais echanges nous livrent à demi mot leur projet imminent: celui de fuir au plus vite cette dictature invivable.
Les seuls avec qui nous avons eus de vrais echanges nous livrent à demi mot leur projet imminent: celui de fuir au plus vite cette dictature invivable.
Pour parfaire à ce séjour incongru, nous irons visiter dans le nord du pays une abberation naturelle : un cratère de gaz laissé à l'abandon, en combustion perpétuelle. Une vrai bouffée d'air frais (si l'on peut dire) en dehors de la capitale, où l'on passera deux jours à contempler les flammes en nous interrogeant sur ce pays si particulier.
Au final, de nos 5 jours de visa, nous n'en usons que 4, bien contents de quitter ce pays que nous n'avons pu comprendre.
Nous en retenons tout de même du positif sur l'expérience en tant que telle, unique, mais qui laisse un goût amer.
Ce sera tout le contraire dès nos premiers pas à la frontière iranienne, accueillis chaleureusement par les gardes qui nous apprennent nos premiers mots de farsi. Mais c'est encore une autre histoire!
Ashgabat, ses monuments de marbre blanc et d'or et son centre commercial aux allures de Dubaï :


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